Aujourd’hui, je franchis les limites du jardin potager et vous mène dans le dédale des Venelles.
Au pied d’un mur aveugle de son appartement, Anne a planté une passiflore. Cette année elle est exubérante. Les fleurs se sont épanouies tout l’été et actuellement les fruits apparaissent. C’est la merveille des merveilles ! Comment l’évolution a-t-elle pu produire une beauté aussi sophistiquée ?
Si vous localisez cette plante grimpante (petit jeu de piste) examinez une fleur (en la laissant sur la plante, merci pour elle).
C’est une fleur très complexe. Détaillons-en toutes les couches :
- 3 grosses bractées vert pâle
-
5 sépales en forme de pétales
- 5 pétales blanchâtres ;
Particularité : pétales et sépales semblent former une unique couronne. Rien qu’un petit détail ne les distinguent : Les sépales se terminent par une petite pointe vert foncé.
- Une couronne de cils tricolores, disposées sur 2 niveaux
- Suivent 1 ou 2 cercles de filaments courts avec nectaires (glandes à nectar) à la base.
- Au centre, une colonne de 8 à 10 mm de hauteur portant l’androcée (organe mâle) et le gynécée (organe femelle).
Ceux-ci sont composés de :
- 5 étamines vert clair à anthères jaunes tournées vers le bas
- 3 styles pourpres au sommet de l’ovaire verdâtre, unis à leur base et terminés par les stigmates en forme de rein.
OUFTI ! Quelle splendide architecture !
Septembre … Alors que les fleurs se font plus rares, les fruits apparaissent, en cet automne exceptionnellement chaud. D’abord verts, virant ensuite à un orange lumineux, leur peau est satinée, comme la peau d’un bébé. La pulpe sous jacente est, comment dire … de la consistance d’un marshmallow. C’est tellement doux qu’on a l’envie de la caresser au creux de la main.
Je finis par fendre le fruit en deux pour y découvrir des graines d’un rouge profond.

Enfin, il est passionnant d’étudier la solution que la Passiflore a adoptée pour s’accrocher à un support : les jeunes vrilles s’étirent en ligne droite jusqu’à ce qu’elles atteignent un support quelconque. L’extrémité s’enroule très rapidement à celui-ci. Une force de torsion s’exerce alors au milieu de la vrille (voir « ICI »), ce qui a pour effet de l’enrouler comme un ressort à boudins dont les spires s’inversent au milieu du parcours.
Il existe de nombreuses espèces de passiflores dont une vous est certainement connue : la Passiflore pourpre (Passiflora edulis, littéralement : la Passiflore bonne à manger). C’est ce fruit violet foncé vendu au rayon des fruits exotiques et que l’on déguste à la petite cuillère.
Originaire de l’Amérique tropicale et subtropicale, elle est connue sous le nom de maracudja. Son jus aromatique sert à faire une délectable boisson rafraîchissante.
Ah ! J’allais oublier … Qu’est-ce que la passion du Christ vient faire ici ? Les missionnaires espagnols se servaient, dit-on, pour représenter la Passion du Christ auprès des indigènes des différentes parties de cette fleur : les vrilles, la couronne de cils, les 5 étamines, les 3 pistils étaient comparés aux instruments de la Passion : Le fouet, la couronne d’épines, les cinq plaies, les trois clous.
Excellents pédagogues, ces Jésuites !
Hélène Havaux - Guide nature
Hélène Havaux - Guide nature
Merci Hélène pour avoir attiré notre attention sur cette beauté de la nature. Je me permets juste d'ajouter que je l'avais aussi observée, mais j'avais été plus intriguée par l'interaction entre les abeilles et la complexité de cette fleur. J'ai essayé de le rendre en image mais cela n'a pas été facile. On voit cependant que la trompe de l'abeille trouve bien ce qu'elle cherche.
Pascale
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